Alors que les invités étaient appelés à débattre autour de la question "Le papier est-il l’avenir de l’information sur le net ?", François Bonnet a mis le doigt sur un argument tout à fait pertinent : il a comparé la situation de Médiapart à celle de Canal+. Rappelez-vous (enfin, pour ceux qui peuvent, parce que ça date !), en 1984 se lançait une chaîne payante, la première du genre. Personne n'y croyait et pourtant aujourd'hui, le succès est là, grâce à quelques émissions phares et un positionnement en adéquation avec la stratégie d'abonnement. L'argument fait mouche : puisque ça a marché pour la télé, pourquoi pas pour le web ! Et de proposer donc, à l'image de Canal+, la création d'une offre d'abonnement regroupant plusieurs sites.
Dans un contexte où l'internaute est un polygame de l'information, où la fidélité à un média n'existe plus, une telle offre devrait déjà exister. Qui se contente de s'informer sur LeMonde.fr ou Rue89 ou Bakchich ? Personne. Nous allons de site en site, nous cliquons sur des liens, nous sommes dans une logique de flux, comme l'explique Pierre Haski, fondateur de Rue89.
Je vous propose de prendre mon cas personnel (pas spécialement intéressant mais c'est encore là que j'ai le moins de chance de dire des bêtises). Etant abonné à Médiapart depuis sa création (je fais partie de ces abonnements de soutien qu'évoque François Bonnet dans l'émission), au site de Courrier International depuis quelques années et à Arrêt sur Image depuis peu, je ne serais pas contre un combo liant les trois sites (voire un peu plus). D'abord, ça ferait des démarches en moins. Au lieu de devoir gérer je ne sais combien d'abonnements différents, il n'y en aurait plus qu'un. Mais surtout, ça réduirait je pense le sentiment que j'ai parfois de payer pour rien. Je ne suis pas un lecteur assidu de Médiapart. Si j'apprécie le travail de fond mené par les journalistes du site, il faut tout de même avoir du temps devant soi pour se coltiner les pages d'enquêtes qu'ils publient tous les jours. Et le contenu que je consomme chez Courrier International et Arrêt Sur Image (via leur flux RSS) est le plus souvent gratuit. Résultat : je paye trois abonnements pour des sites que je consulte finalement moins que d'autres, gratuits eux.
Alors pourquoi rester abonné ? Tout simplement parce que cela m'ennuierait de voir un article ou une enquête intéressant me passait sous le nez (Bonjour, je m'appelle Nicolas, et je souffre d'infobésité). Ainsi, l'idée de payer pour accéder à une multitude de contenus qui proviendraient de sites différents devient séduisante. En consommant trois articles chez Médiapart, quatre ou cinq chez Arrêt Sur Image et une dizaine chez Courrier International, alors je considèrerai mon abonnement comme rentable.
Bref, j'espère que c'est une offre que nous proposeront bientôt les sites d'info payants. Quant aux gratuits, je les invite à le rester et à explorer d'autres pistes de monétisation de l'information. Comme expliquer plus haut, notre consommation de l'information sur le web s'inscrit dans un flux : un article qui passe sur Twitter, un lien dans un billet de blog, un billet qu'un ami a posté sur son wall Facebook... Sur le web, on ne cherche pas l'information, c'est l'information qui nous trouve (phrase tirée de la vidéo Social Media Revolution 2). Être abonné à un bouquet de sites permettrait d'accéder à l'article d'un site que l'on n'a pas l'habitude de consulter mais qui se retrouverait dans ce flux. Cela permettrait d'atténuer le "mur" de l'abonnement que regrette Pierre Haski. Mais ce mur resterait bien là et continuerait de faire fuir tout ceux qui tomberaient dessus.
D'autres éléments de l'émission vaudrait la peine d'être prolongés mais il parait qu'il faut faire plutôt court sur un blog... Le mieux est encore que vous la regardiez !